1prit la parole et dit : 2Jusqu'à quand affligerez-vous mon âme, Et m'écraserez-vous de vos paroles ? 3Voici dix fois que vous m'injuriez, Que vous n'avez pas honte de me malmener. 4Si vraiment j'ai manqué, Mon manquement ne concerne que moi. 5Ou bien chercheriez-vous vraiment à vous glorifier à mes dépens Et à me convaincre d'ignominie ? 6Sachez donc que Dieu m'a fait tort, M'enveloppant de son filet. 7Voici, je crie : Violence ! et on ne me répond pas ; Je me lamente, et il n'y a pas de justice. 8Il ferme mon chemin, je ne puis passer ; Il place l'obscurité sur mes sentiers. 9Il m'a dépouillé de mon honneur, Il a enlevé la couronne de ma tête. 10Il me brise de tous côtés, c'en est fait de moi ! Il arrache mon espérance comme un arbre. 11Sa colère s'embrase contre moi, Il me met au nombre de ses ennemis ; 12Ses troupes s'avancent ensemble, Elles se fraient un chemin contre moi, Elles campent tout autour, de ma tente. 13Il a éloigné de moi mes frères, Mes amis se sont tous détournés de moi. 14Mes proches ne se montrent plus, Mes intimes m'ont oublié. 15Mes domestiques et mes servantes me considèrent comme un étranger, Je suis devenu à leurs yeux un inconnu. 16J'appelle mon serviteur, il ne répond pas ; Il faut que je l'implore de ma bouche ; 17Mon haleine est devenue odieuse à ma femme, Mon odeur à mes propres enfants. 18Les enfants mêmes me méprisent ; Quand je me lève, ils se moquent de moi. 19Mes familiers m'ont tous en horreur ; Ceux que j'aimais m'ont tourné le dos. 20Mes os sont collés à ma peau et à ma chair, C'est à peine si je m'échappe avec la peau de mes dents. 21Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous, mes amis, Car la main de Dieu m'a frappé. 22Pourquoi me poursuivez-vous comme Dieu, Et êtes-vous insatiables de ma chair. 23Si seulement mes paroles étaient écrites, Si elles pouvaient être consignées dans un livre et gravées, 24Avec un burin de fer et du plomb Sculptées pour toujours sur le roc ! 25Et moi, je sais que mon vengeur est vivant ; Et qu'il s'élèvera le dernier sur la poussière. 26Et quand après ma peau ce reste aura été détruit, Sans ma chair, je verrai Dieu ! 27Oui, moi, je le verrai propice, Mes yeux le verront, et non pas comme un étranger ! Mes reins se consument d'attente au-dedans de moi. 28Vous qui dites : Poursuivons-le avec ardeur ! Et qui trouvez en moi la racine de tout le mal, 29Craignez pour vous le glaive ! Car la colère est un péché qui mérite le glaive, Afin que vous sachiez qu'il y a une justice.