1continua son discours sentencieux et dit : 2Qui me rendra les mois d'autrefois, Les jours où Dieu me gardait, 3Alors que, sa lampe brillant sur ma tête, En pleines ténèbres, je marchais à sa lumière ? 4Que ne suis-je de nouveau aux jours de mon automne, Quand Dieu veillait en ami sur ma tente, 5Quand le Puissant était encore avec moi, Que mes enfants m'entouraient ; 6Quand mes pieds baignaient dans la crème, Que près de moi le rocher distillait des ruisseaux d'huile, 7Quand, montant vers la ville, je me rendais à la porte, Que je me préparais à m'asseoir sur la place publique ! 8A ma vue, les jeunes gens se cachaient, Les vieillards se levaient et restaient debout, 9Les princes retenaient leurs discours Et mettaient la main sur leur bouche. 10La voix des chefs restait muette, Leur langue était collée à leur palais. 11Car l'oreille qui m'entendait me disait heureux ; L'œil qui me voyait me rendait témoignage, 12Parce que je sauvais le pauvre qui poussait des cris, L'orphelin et l'homme privé de secours. 13La bénédiction de celui qui allait périr était sur moi ; Je faisais tressaillir de joie le cœur de la veuve. 14Je m'étais revêtu de la justice et elle s'était vêtue de moi ; Ma droiture me servait de manteau et de turban. 15J'étais les yeux de l'aveugle, Les pieds du boiteux. 16Je servais de père aux pauvres, J'examinais avec soin la cause de celui qui m'était inconnu. 17Je brisais la mâchoire du violent, Et de ses dents j'arrachais la proie. 18Aussi je me disais : Je mourrai dans mon nid, Mes jours seront aussi nombreux que le sable. 19Ma racine sera ouverte à l'eau, La rosée passera la nuit dans mon branchage. 20Ma gloire me restera toujours jeune ; Mon arc se renouvellera dans ma main. 21On m'écoutait et on attendait ; On faisait silence pour [entendre] mon conseil. 22Quand j'avais parlé, on n'ajoutait rien, Ma parole descendait sur eux comme une rosée. 23On s'attendait à moi comme à la pluie, Ils ouvraient la bouche comme pour une pluie de printemps. 24Je leur souriais, quand ils étaient découragés ; Et ils recueillaient les rayons de mon visage. 25Quand j'allais chez eux, je m'asseyais à leur tête ; Je trônais comme un roi au milieu de sa troupe, Comme quelqu'un qui console des affligés.