1Après cela ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 2Et prit la parole et dit : 3Périsse le jour où je suis né, Et la nuit qui a dit : Un homme est conçu ! 4Ce jour-là, qu'il soit ténèbres, Que Dieu, d'en-haut, ne s'en informe pas, Que la lumière ne resplendisse pas sur lui ! 5Que les ténèbres et l'obscurité le réclament, Qu'une nuée repose sur lui, Que des éclipses l'épouvantent ! 6Cette nuit-là, qu'une sombre brume s'en empare, Qu'elle ne compte pas dans les jours de l'année, Qu'elle n'entre pas au nombre des mois ! 7Voici, que cette nuit-là soit stérile, Que l'allégresse en soit bannie ! 8Qu'ils la marquent d'un signe, ceux qui maudissent les jours, Ceux qui sont experts à exciter le Léviathan ! 9Que les astres de son matin s'obscurcissent, Qu'elle s'attende à la lumière et qu'il n'en vienne pas, Et qu'elle ne voie pas les paupières de l'aurore, 10Puisqu'elle n'a pas fermé les portes du sein qui m'a porté, Et qu'elle n'a pas dérobé le malheur à mes yeux. 11Pourquoi ne suis-je pas mort dès les entrailles de ma mère ? Pourquoi n'ai-je pas expiré en sortant de son sein ? 12Pourquoi des genoux m'ont-ils reçu ? Pourquoi des mamelles, pour m'allaiter ? 13Car maintenant, je serais couché et je serais tranquille ; Je dormirais, et alors j'aurais du repos, 14Avec les rois et les arbitres du monde, Qui se sont bâti des ruines ; 15Ou avec les princes à qui l'or appartenait, Qui remplissaient leurs maisons d'argent ; 16Ou bien, comme l'avorton caché, je n'aurais pas vécu, Comme les petits enfants qui n'ont pas vu la lumière. 17Là, les méchants cessent de tourmenter, Là se reposent ceux qui sont privés de force ; 18Les captifs sont réunis en sécurité ; Ils n'entendent pas la voix de l'exacteur. 19Petits et grands s'y confondent, L'esclave y est libre de son maître. 20Pourquoi donner la lumière aux malheureux, Et la vie à ceux qui ont l'amertume dans l'âme ; 21Qui souhaitent la mort, et elle ne vient pas, Et qui la recherchent plus ardemment que des trésors ; 22Qui se réjouiraient jusqu'à l'allégresse, Tressailleraient de joie, s'ils trouvaient le tombeau ; 23A l'homme dont la route est obscure, Et que Dieu enferme de toutes parts ? 24Car mes gémissements me tiennent lieu de pain, Mes rugissements se répandent comme les eaux ; 25Car, dès que je crains un mal, il m'atteint, Et ce que je redoute m'arrive. 26Avant que j'aie pu trouver trêve, paix et repos, Viennent de nouveaux tourments !